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suspossession
14 juin 2006

Le début de la fin

Alors voilà. On en est tous au même point. Tous ? Pas sûr. Ce matin, il ne fait pas très beau, pourtant hier, on crevait de chaud. J’ai appris à préférer regarder en dedans, parce que dehors, ce n’est pas si beau, et que dedans, il fait plus chaud. Oui mais dehors, il y a tous ces gens, qui font cette vie, aussi légère soit-elle, et qui la brise, et la construise, et la détruise, et la regrette. Il y a de ces choses qui n’auront jamais de signification, et pour lesquelles on s’attachera à en trouver, bon gré, mal gré. Déjà que dans nos petites existences mortelles et fatiguées, dans nos microcosmes, on peut détester l’un ou l’autre, et pourtant, on ne connaît pas grand monde. Alors quand ils se mettent à être beaucoup, ces gens pas comme moi, eh bien forcément, ça en fait plein à détester, parce qu’ils ne sont pas comme moi. Il y a des noirs et des blancs et des marrons et des rouges et des jaunes. Des grands et des petits et des gros et des maigres. Des gentils et des méchants et des sauvages et des volages. Et puis, il y a les idées. L’Idée. Oui parce qu’on a tous l’Idée. Et elle est à négocier. Elle est à hypocriser pour mieux s’entendre, tous ensemble, gens qui se détestent. Il y a l’Idée politique, avec la droite et la gauche, et l’extrême droite et l’extrême gauche, et les constellations qui se meuvent au sein de ces partis, dont on ne comprend pas toujours les motivations, mais pour qui on adhère, avec passion et déraison. Il y a l’Idée technologique, modernologique, hyper-post-modernologique. Et là. C’est le début de la fin. Parce qu’avec nos petites idées pleines de médiocrité, qu’on croit pleines de liberté et de vérité, au moment même où on trace les frontières de l’Idée, on devient con. Et rentrent en jeu les inégalités, l’intolérance, la violence, la négociation médiatique et politique, la négociation dans la vie même du bon gens moyen. Mais il ne faut pas tout mélanger. En réalité, nous, avec nos petites idées sur le monde, on ne va pas bien loin, là, le cul sur la chaise à dire : « mais dans quel monde on vit ! ». L’assistanat idéel humanisé. Voilà ce qui se passe, dans nos vies. La politique nous apprend à détester les uns et préférer les autres, en mettant sur un piédestal les idéologies qui ne nous servent à rien en particulier. Et la frontière, la vraie et bonne frontière, géographique, nous apprend que de Nice à Venise, ce ne sont pas les mêmes gens. De Perpignan à Barcelone, ce ne sont pas les mêmes gens. De Paris à Londres, encore, ça va, mais ce ne sont pas les mêmes gens. Le pire, c’est de d’Athènes à Badgad. On a réussi à instaurer, grâce à la modernisation, à l’évasion de l’homme de son propre territoire circonscrit, la différence, et la politique a instauré par-dessus l’intolérance, le bien, le moins bien, et le gravement pas bien. Alors il y a les bons, les brutes, et les truands. Les blancs, les marrons. Oui parce que dans nos petites têtes, les marrons sont les brutes et les truands. Et puis il y a les riches et les moins riches. (On dit encore « pauvre » ? Comment, mais c’est ignoble !!!). Les Blancs, les jaunes, et les noirs, qui crèvent la dalle. De temps en temps on en entend parler, au journal de 3h du matin, si si, c’est vrai. Ah oui, il ne fallait pas l’oublier, parce qu’à la politique s’ajoute l’image, la virtualisation de la vie. On en voit des atrocités. Berk. En plus, c’est au moment du repas. On digère mal notre foie gras, ou notre sauciflard bon marché de chez Lidl. Le litron de rouge fait passer l’affaire, et on reprend nos affaires à faire. L’image. C’est peut-être la pire et la meilleure des créations humaines. Ben disons qu’en voyant des gens crever sous nos yeux, ce n’est pas vraiment sous nos yeux, alors bon, on se dit que c’est triste, mais on ne le réalise pas vraiment. On se dit tous au moins 1000 fois dans sa vie « finalement, on n’est pas si malheureux ». Heureusement, c’est l’autre là-bas qui meurt de faim, de fin. Et quand on voit un clodo dans la rue, on se dit aussi « larve, tu as baissé les bras, c’est de ta faute ». Mais les pauvres ne posent pas vraiment de problèmes à la société, ils n’ont pas la force de se lever, ni même le pouvoir de changer leur condition, alors ils s’accommodent, et attendent patiemment de mourir, pendant que la vie les nargue. Les plus mauvais, c’est les méchants. Oui on a réussi à trouver un accord entre grandes Idées de blancs. Nos valeurs sont démocratiques, et le bonheur à la portée de tous. Alors on se bat contre les Arabes. De la petite crasse à la grande mafia organisée sous le joug de Satan. Vous vous souvenez de Satan au fait ? Non parce que bon, il me semble que la religion n’est plus de mise ici, si ? Je rappelle que Satan c’est le grand méchant qui est contre Dieu le grand gentil. Ah oui, et Dieu, c’est celui qui nous a créé. Alors voyez, ce n’est pas la fête quand il y a des méchants de Satan. Faut les détruire, et les convertir. En fait, c’est rigolo, on commence par détruire, et on essaie de convertir ceux qui restent. Pan pan. Ca aussi à la télé, c’est pas jojo. On voit du rouge (c’est du sang, je précise, cette chose qui coule dans nos veines et qui nous permet d’irriguer le cœur et le cerveau entre autre). On voit des gens tomber. Non ils ne trébuchent pas sur un caillou mal intentionné. Ils meurent. Comme on mourra tous un jour, si possible lointain. C’est-à-dire qu’ils ne se réveilleront pas, plus, jamais. C’est-à-dire qu’on a volé leur vie, et qu’on a violé leur famille, et leurs amis. Oui mais c’est à l’image. Alors quand mémé meurt à 102 ans de vieillesse ou que papa fait une attaque à 42 ans, là, le monde s’écroule. Notre petit monde putréfié qui sent le vide. Mais quand une assemblée de bidules, en plus méchante, meure, bah…c’est la guerre de toute façon. Oh oui, on en voit des atrocités, mais elles ne sont pas à l’image, elles sont dans nos Idées, laides, sales, crottées. Et les animaux là aussi, et

la Nature

qu’on dénature au profit de notre grande culture. On se détruit les uns les autres, et on est détruit un jour à notre tour. Ah le Bonheur. Quel malheur. Alors voilà c’est un peu de ça dont il va s’agir sur ce blog, entre autre : les contradictions, les aberrations, les négations, négociations, les histoires scandaleuses qui passent sous le nez des grands blancs enrhumés.      

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