Pas
vraiment d’inspiration. Plus vraiment d’expiration. Poumons
encrassés. Kof kof. J’observe le silence au milieu de nulle part. Et les gens
dansent et les gens boivent tous des avatars. La bougie commence à s’éteindre
et je tends la plume arrachée à l’oie dans l’attente de… d’un morceau de toi en
moi dépulpé de mon âme. Des petits frissons qui me courent dans le dos. Des
petits suçons sur ma peau. Je n’ignore pas qu’on pourrait qu’on devrait. Je
n’en veux pas à cette chaîne qui serre mes mains, et mon cou, et mes jambes, et
mon être. Paraître. Peut- être. Ecoutes ce tremblement la feuille se froisse
elle reste blanche entends-tu mon silence ? Trop vieux pour rêver cette vie
trop belle pour durer. Trop jeunes pour s’inquiéter de cette vie trop belle
pour durer. Il reste des images au fond de mon tiroir. Et des papiers jaunis
par le temps trop pressé d’effacer ma mémoire. Il reste des mots au fond de mon
Oubli trop largués trop tanés par les quotidiens alanguis. J’aurais pu devenir
cette odeur de déjà vu et cet air si agréable. On aurait pu courir sur la
pelouse une nuit et profiter de l’eau dispersée pour se donner tout entier. On
ne peut plus résister. On ne voit pas qu’on demande plus qu’on ne peut donner.
Ca nous a échappé. Notre monde est fêlé. J’ai bien froid ce soir. Comme hier comme demain. J’accule mes idéaux au
monde de l’utopie. Je suis si occupée à réunir les morceaux brisés de la vie
que j’ai eue que même les cigales ne chantent plus que dans les livres, que
même les princesses ne sont jamais mariées, que même la fourmi s’est endormie
sur son travail. Page 14. Il fait noir. Tant mieux. Pourquoi leur laisse t-on
croire de telles choses ? c’est inhumain…La fête est finie on descend.
Certaines pensées glacent ma raison. J’aimerais tellement penser à oublier que
je pense. C’est un mauvais jour. Un autre souvenir. J’ouvrirai autant de
tiroirs qu’il me sera nécessaire pour enfouir loin et fermer à double tour ces
souvenances. Mais parfois, sans y prêter attention, l’âme en vogue, l’âme en
vague, je dérive sur quelques passés en fragments. Un mot. Une lettre. Un. Une.
Des. Pensées. Silence. Voyage interneuronal. Allongée. Je quitte lentement
toute sensation réelle. Je commence à engourdir mon corps/ Je n’entends qu’un
bruit sourd au fond de la pièce qui m’endort, qui me transe, qui m’anesthésie
l’âme. Les paupières closent, je pars. Voler comme un nuage et respirer, passer
outre les barrières et savoir la vérité que nul n’a de sens que parce qu’il lui
en donne, que nul n’est quelqu’un du moment qu’il est personne. Savoir que je
ne suis rien car rien n’est qu’illusion. C’est comme si j’avais perdu quelque
chose. Comme si je ne faisais plus partie de l’humanité. C’est quoi la folie et
la norme ? Porte close. Je me cogne au mur de l’initié. Apprentie à la folie,
l’absence. Je marche quelque part. Mais où ? Partout sauf ici. Tu connais
l’océan névrosé ? Je nage dans sa boisson déséquilibrée, je vogue dans
l’abnégation , la dénégation, dérive par la vague de la psychose achevée. Je
m’étends à l’arrache cœur à tendre ma main pour attraper la lune, et tends
chaque jour un morceau de ma plume, pour donner à la feuille sens de mon âme et
ses méandres, pour donner raison à l’ardeur que je prends à me réduire en
cendres. Même quand on croit que les plus déchirantes douleurs donnent à
l’imagination les traits d’une plume baignée dans le sang. On cherche toujours
à donner raisons aux moindres espérances déçues, et n’en trouver que prétexte
pour y bercer de nouveaux horizons. C’est toujours la même chose. Il suffit
d’une erreur, d’une blessure, d’une cassure, pour qu’on se penche sur sa page
et qu’on y déverse les torrents de haine et de détresse qu’on voudrait
pulvériser, exorciser. On appelle les noyés quand on a bu trop d’amour, j’ai bu
la tasse, c’était salé, c’était mauvais.